Les termes stress et anxiété font aujourd’hui partie de notre quotidien. Les médias nous en abreuvent. Et nous les employons fréquemment pour parler de la morosité ambiante, ou de nos propres tensions intérieures.
Le stress, le mal du siècle, disent certains…
Mais, avant tout, que recouvrent ces deux maux ? Sont-ils synonymes, ou simplement voisins ? Nous vous proposons ici quelques éléments de réponse.
Le stress
La racine du mot stress vient du latin stringere, qui signifie serrer, étreindre. Stress, fût initialement employé en mécanique, afin de désigner une tension appliquée aux objets.
Lors de la première moitié du XXième siècle, ce terme fut ensuite repris par James Cannon et Hans Selye, deux endocrinologues. C’est ainsi que le stress commença à toucher les êtres humains…
Ces chercheurs observèrent que l’équilibre hormonal de l’être humain était perturbé lorsque celui-ci était soumis à certaines tensions. Selyé décrivit à ce sujet le syndrome général d’adaptation (S.G.A.), expression directe du stress évoluant selon trois stades successifs. Celui-ci se déclenche lorsque l’humain est soumis à des difficultés dont il ne possède pas immédiatement la solution. Pour Selyé, ce syndrome se décompose en trois phases :
1) La « réaction d’alarme » pendant laquelle les forces de défense sont mobilisées ;
2) Le « stade de résistance » qui reflète la complète adaptation à l’agent « stressant » ;
3) Le « stade d’épuisement » qui suit inexorablement pourvu que l’agent stressant soit assez puissant et agisse assez longtemps, le pouvoir d’adaptation d’un être vivant étant toujours limité. »
Lazarus et Folkman (1984) ont ensuite pris la relève, se basant sur ce modèle physiologique pour en élaborer un psychologique.
Pour ces auteurs, “ Le stress psychologique est le produit d’une transaction entre la personne et son environnement dans laquelle la situation est jugée comme débordant de ses ressources et mettant en danger son bien-être. ”
Pour faire simple, le message principal est ici que nous sommes stressés lorsque nous nous sentons dépassés. Il s’agit d’une réaction consécutive à une situation que nous évaluons comme dépassant nos ressources immédiates d’adaptation. Cette évaluation est subjective et dépend de nos caractéristiques et des compétences dont nous pensons disposer. Cela permet de rendre compte du fait que dans une même situation, certains individus seront stressés et d’autres non.
Face à une telle situation, se mettent en place une série d’évaluations entre la situation actuelle et les ressources que nous estimons posséder pour y faire face. Durant ce processus, nous recherchons et mettons ensuite en oeuvre des stratégies de coping. Autrement dit, nous recherchons et mettons en place des solutions pour résoudre cette tension. Une nouvelle évaluation est ultérieurement appliquée afin de mesurer l’efficacité de la solution appliquée.
Tant que nous n’avons pas trouvé d’issue au problème rencontré, le stress perdure, pouvant aboutir au stade d’épuisement précédemment décrit.
Par contre, si nous trouvons et appliquons une solution appropriée, les évaluations cessent et nous retrouvons notre équilibre de départ. C’en est fini du stress… Enfin, pour cette fois.
A travers ces modèles, nous pouvons constater que le stress survient en réaction à une situation, que nous percevons comme dépassant nos capacités immédiates d’adaptation. Il engendre notamment des variations hormonales, qui, à court terme, aboutissent à une mobilisation accrue de notre organisme : notre respiration s’accélère, nos battements cardiaques également, notre vigilance est meilleure et nos capacités de réactions plus rapides.
Sur le plan psychologique, nous nous mettons à chercher des solutions, les expérimenter, jusqu’à ce que nous trouvions une stratégie efficace.
Les problèmes surviennent lorsque cet état de stress est trop intense, ou lorsque nous ne parvenons pas à résoudre durablement le problème auquel nous sommes confrontés. En effet, ces variations hormonales, si elles ne se résolvent pas rapidement, peuvent s’avérer toxiques pour l’organisme.
L’anxiété
L’anxiété est souvent confondue avec le stress. On peut en effet retrouver des similitudes entre ces deux phénomènes : agitation, tensions physiologiques, peur, hypervigilance… Il s’agit néanmoins de deux manifestations biens distinctes.
Selon le manuel diagnostic et statistique des maladies mentales (DSM IV), l’anxiété peut être définie comme : « une anticipation craintive d’un danger ou d’un malheur à venir, accompagnée d’un sentiment de dysphorie ou de symptômes somatiques de tension. »
Cette définition a plusieurs mérites.
Elle fait d’abord ressortir la principale différence entre le stress et l’anxiété : le stress est une réaction faisant suite à un danger, tandis que l’anxiété est une anticipation d’un danger à venir. L’anxiété peut être consécutive à un apprentissage en lien avec une source de stress (ex : si je suis régulièrement stressé en raison d’une surcharge de travail, j’aurais peut-être tendance à devenir anxieux à l’idée de me rendre au travail), mais il s’agit toujours d’un mécanisme anticipatoire, contrairement au stress, qui lui est réactionnel.
Elle précise ensuite trois composantes fondamentales de l’anxiété :
La composante cognitive de l’anxiété
Il s’agit de pensées en lien avec un danger supposé à venir. Ces pensées peuvent être absolues (ex : « Je ne vais jamais réussir à faire face à cette situation.») ou hypothétiques (ex : « Si je ne me comporte pas de telle manière, je vais être rejeté. »).
On parlera de maladie lorsque ce danger sera surévalué par rapport à la réalité.
La composante émotionnelle de l’anxiété
Nos émotions sont en lien direct avec nos pensées. Difficile de rester calme lorsque nous sommes persuadés qu’un danger est à venir. Ainsi, lorsque nous sommes anxieux, les émotions en lien avec nos pensées sont plutôt de l’ordre de la peur, la tristesse, mais aussi de la colère. Ces trois émotions peuvent être plus ou moins mêlées, plus ou moins intenses, ce qui ouvre la voie à une palette d’émotions multiples et variées.
La composante physiologique de l’anxiété
Ces pensées automatiques, ces émotions désagréables sont étroitement liées à la sphère somatique. L’anxiété est un phénomène complexe qui s’exprime également par le corps. Elle peut ainsi nous occasionner différents troubles comme la fameuse « boule dans la gorge », des tremblements, une transpiration excessive, un rougissement, des troubles gastro-intestinaux, une hyperventilation, de la tachycardie …
Pour compléter ce bref aperçu de l’anxiété, il nous semble enfin important d’aborder la sphère comportementale.
La composante comportementale de l’anxiété
Lorsque nous éprouvons des difficultés à gérer notre anxiété, nous pouvons présenter différents types de comportements :
L’agitation
Dans ce cas, nous aurons tendance à nous éparpiller, à faire plusieurs tâches à moitié, sans en achever aucune véritablement. Rien n’est véritablement planifié. Cela nous prendra beaucoup de temps, pour finalement parvenir à de piètres résultats.
L’évitement
Face à une situation qui nous fait peur, une solution logique consiste à l’éviter.
A court terme, cela réduit considérablement notre peur. Néanmoins, sur le long terme, cela finit par aboutir à un renforcement de cette dernière. C’est pour cela que l’évitement n’est pas toujours la solution adéquate.
En effet, si nous avons peur des serpents, les éviter est sans doute une bonne solution. Par contre, si c’est le regard de l’autre que nous craignons, les stratégies d’évitement peuvent rapidement aboutir à un isolement profondément dommageable pour notre bien-être.
Avant de juger si une solution est bonne ou mauvaise, il convient donc d’en examiner
Conclusion
A travers ces quelques lignes nous souhaitions vous apporter des informations sur le stress et l’anxiété. Nous espérons vous avoir fourni quelques éléments de compréhension, et vous avoir fait appréhender les différences entre le stress et l’anxiété. A y regarder de plus près, ces deux termes sont finalement bien spécifiques et souvent galvaudés.
Nous vous proposons par ailleurs un espace d’écoute et d’accompagnement si vous vous retrouvez confronté(e)s au stress et à l’anxiété.